Dans le cadre de la deuxième édition de L'Afrique en luttes, l'association ART Weapon, en partenariat avec le Conseil Départemental de la Haute-Garonne, organise un événement centré sur la restitution et la réappropriation du patrimoine culturel africain.
Bien que de nombreux pays africains aient réclamé la restitution de leurs biens culturels depuis les indépendances, l'État français a longtemps argué de l'inaliénabilité du patrimoine national. Cependant, en novembre 2017, à Ouagadougou, le Président Emmanuel Macron a annoncé un engagement pour la restitution temporaire ou définitive du patrimoine africain en Afrique. Suite à cette annonce, un rapport intitulé "Restituer le patrimoine africain", co-écrit par Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, a vu le jour en 2018. Ce rapport a favorisé une prise de conscience mondiale sur la nécessité de restituer les objets culturels pillés durant la colonisation.
Depuis cette annonce, seuls 26 trésors du Royaume du Dahomey (Bénin) ont été restitués sur les 88 000 objets africains présents dans les collections publiques françaises. À travers cet événement, qui associe exposition artistique, projection et conférence. ART Weapon vise à créer un espace de réflexion autour de cette thématique complexe et contemporaine.
L’événement comprend trois temps forts :
Cette exposition explore la reconstitution des espaces identitaires à travers l'écriture et le langage, garantissant inclusion et intégration, et s'inscrit dans une réflexion sur la cosmogonie bamiléké.
Ours d'or à la Biennale de Berlin, "Dahomey" suit le retour au Bénin de 26 trésors royaux, pillés lors de la colonisation. Ce film interroge les frontières entre visible et invisible, et pose un regard poignant sur l'identité culturelle et la restitution des œuvres d'art.
Animée par David Crochet de l'association Chercheurs d'Autres, la discussion réunira des personnalités comme l'historien Amzat Boukari-Yabara, l'anthropologue Saskia Cousin, et l'artiste Boris Ndjantou. Ils aborderont les enjeux historiques, culturels et politiques liés à la restitution des patrimoines culturels africains.
Amzat Boukari-Yabara est un écrivain, historien indépendant et militant franco-béninois. Il est l'auteur d'ouvrages sur le Nigeria, le Mali, les grands leaders des mouvements révolutionnaires et se fait connaître pour son ouvrage « Africa Unite, une histoire du panafricanisme ». Amzat Boukari-Yabara explore et exhume des éléments du passé qui agissent encore au présent et qui peuvent servir à construire le futur. A ce titre, il participe à la rédaction de l’ouvrage collectif “L’empire qui ne veut pas mourir, une histoire de la Françafrique. Cet ouvrage retrace cette histoire méconnue, depuis les origines coloniales de la Françafrique jusqu’à ses évolutions les plus récentes. Les contributions rassemblées dans ce livre montrent que le système françafricain, loin de se déliter, ne cesse de s’adapter pour perdurer.
Saskia Cousin est anthropologue, maîtresse de conférence HDR. En 2018, elle soutient une habilitation à diriger des recherches intitulée Economies de l’altérité. Il s’agissait de penser des situations où l’altérité prend une valeur en tant que telle : tourisme, coopération internationale, hospitalité marchande, art contemporain dit africain, gestion de l’accueil des réfugiés... Intitulé Le paradigme d’Ògún, en référence au dieu éponyme, son inédit d’HDR propose une anthropologie historique et postcoloniale des récits de fondations et de transformation de la capitale du Bénin, Porto-Novo, Xogbonù, Adjasè. Saskia Cousin Kouton participe également à la rédaction de l’article “Agoojiée ! Ou les sabres de Gu. Des économies de la (non-)restitution (Bénin)” publié en 2023 dans la revue Cahiers d'études africaines.
Boris Ndjantou est un sculpteur franco-camerounais dont le travail artistique met en lumière la singularité et la subjectivité de son parcours, depuis son Cameroun natal jusqu'à sa nouvelle terre d'accueil en France. Il explore sa double culture à la croisée de la cosmogonie bamiléké et de la cosmologie occidentale. La première est empreinte de spiritualité et d'utopie, tandis que la seconde est marquée par la matérialité et la réalité physique. Boris Ndjantou nous emmène dans un voyage exploratoire où la reconstitution et la réhabilitation des espaces identitaires se font par l’écriture et le langage, véritables gages d’inclusion et d’intégration. Ses œuvres sont une célébration de la diversité culturelle et une réflexion sur l'identité et l'appartenance dans un monde en constante évolution.
Après la projection, une pause conviviale sera proposée pour permettre des échanges et revisiter l'exposition, avec une offre de restauration et des stands de partenaires, dont la librairie Terra Nova
Cet événement propose un espace de réflexion où l’art et la mémoire collective se rencontrent, offrant une opportunité unique de dialogue autour des relations historiques entre la France et l’Afrique
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